Renouant avec les expositions mettant en valeur son département Patrimoine, le musée des beaux-arts s’associe avec le service Ville d’art et d’histoire pour présenter une exposition sur l’un des bâtiments militaires historiques de Cambrai, témoin de l’époque médiévale de la ville : le château de Selles.

Au XIIIème siècle, le château de Selles avait une double fonction : assurer la surveillance de la porte de Selles et de l’Escaut et asseoir l’autorité du comte-évêque sur les Cambrésiens, par le fait notamment de sa transformation dès le XIVème siècle en prison. Remblayé au XVIème siècle et enfoui en partie sous la construction d’un hôpital militaire au XIXème siècle devenu tribunal aujourd’hui, le château de Selles garde néanmoins une part de mystère et d’imaginaire, perpétuée par les réminiscences des visites guidées des espaces intérieurs désormais refusées pour des raisons de conservation.

Inédite dans sa conception par la mise en oeuvre de partenariats multiples, l’exposition se veut avant tout une recherche sensible et subjective sur ce monument. Réalisée selon deux parcours conçus par des étudiants de la Faculty of Architecture, Campus Sint-Lucas (Ghent), KU Leuven d’une part, et par un comité de détenus du Centre de détention de Bapaume d’autre part, elle plonge le visiteur dans les espaces mentaux et mémoriaux, imaginés et imaginaires, créés par ces publics invités à donner à voir leur ressenti du château de Selles. Inscription dans le tissu urbain, architecture du bâtiment, complexité des plans, représentations sculptées, mais aussi obscurité, espaces contraints, humidité, perte des repères, images sacrées et mots emprisonnés dans la pierre caractérisent le château de Selles et constituent autant de traces anciennes laissées par les hommes du passé soudainement réactivées par celles, contemporaines, des partenaires dévoilées au visiteur. L’activation de l’imaginaire ou la réactivation de souvenirs sont au coeur de cette exposition-expérience, à rebours de l’approche pensée objective de l’histoire pour envisager l’humain dans son universel.