Le démantèlement des fortifications permet de rendre plus direct le tracé du canal de l’Escaut

Le démantèlement des fortifications permet de rendre plus direct le tracé du canal de l’Escaut. Ces travaux entrainent la construction de l’écluse de Cantimpré (1900) qui s’équipe de deux sas de 38 m de long sur 5 m de large pour la rendre accessible aux péniches flamandes et faciliter le trafic. Cette mise au gabarit, imposée par la loi ministérielle du 5 août 1879 de Charles Freycinet, permet de moderniser le réseau fluvial régional et de le rendre plus compétitif face à la concurrence du rail. Jadis, manœuvrées manuellement, les écluses s’ouvrent aujourd’hui automatiquement par télécommande.

Le port de Cantimpré est créé en 1784. À cette époque, les bateaux remontant l’Escaut passent par l’actuel bras mort pour parvenir au port. Le transport fluvial s’intensifie avec l’ouverture du canal de Saint-Quentin et atteint son apogée en 1913. Plus d’une centaine de bateaux passent alors quotidiennement par le port de Cantimpré. Ils chargent et déchargent leurs marchandises sur les quais du port ou de la gare d’eau des Docks. Ils transportent principalement du charbon, du sable, des matériaux de construction, des betteraves, du bois destiné à l’étayage des galeries minières et des produits métallurgiques venant des usines du bassin houiller. Le trafic est si important qu’il faut attendre des semaines pour passer les écluses et le souterrain de Riqueval. Les bateliers profitent de cette attente pour faire leurs courses et réparer leur bateau au niveau du grand carré.  C’est un endroit d’intense activité baigné du son de l’accordéon. Le port de Cantimpré a perdu cette fébrilité pour devenir un agréable port de plaisance où les pêcheurs sont rois.

En 1896, le port de Cantimpré s’agrandit par l’implantation des Docks et Entrepôts de Cambrai crées par la Chambre de Commerce, située alors à proximité. Ils s’étendent sur 5 hectares et  bénéficient des voies de communications routières, ferrées et fluviales. Les travaux sont confiés à l’architecte Charles Cavé qui conçoit des espaces de stockage bien organisés et performants. L’entrée rue des Docks s’ouvre par une large grille donnant sur une cour pavée où sont disposés la maison du concierge, les bureaux, l’appareil à pesage et les magasins généraux. Ceux-ci s’étendent sur 20 000 m2 et permettent d’abriter 50 à 60 millions de kilos de marchandises diverses : céréales, betterave, sucre, matière première, charbon. Ces bâtiments, disposés parallèlement, font 120 mètres de long sur 12 mètres de large. Les plus anciens offrent une belle charpente en bois.  Ceux destinés au stockage d’alcool et de pétrole sont isolés pour éviter les incendies. Les wagons de chemin de fer entrent directement dans la cour tandis qu’une darse sert de gare d’eau. Sept péniches peuvent accoster directement sous un espace couvert. Ce bassin rectangulaire relié au canal de l’Escaut est toujours visible aujourd’hui. Le déclin du transport fluvial entraine leur fermeture à la fin du XXème siècle. Les bâtiments sont aujourd’hui démolis pour laisser place à une plateforme tertiaire. Ces Docks étaient les plus grands entrepôts fluviaux après ceux de Paris.

Annie Lefebvre dans Le guide – Cambrai, Editions du Patrimoine